BLOG-TROTTOIR

Des nouvelles d'un bon ami et d'Elise

 

Bulletin d'information

interne de l'Association

ANONYME… ET MOINS

SI AFFINITÉS

4, chemin du

Préharaucourt

F-54160 PULLIGNY

Numéro 8 JUIN 2005

Anonyme à Royaumeix…

Le festival « Courant d'Art en Campagne » de Royaumeix près de Toul (54)

a accueilli notre groupe « Anonyme… et moins si affinités » pour deux

concerts durant le week-end (plus ou moins raccourci) de la Pentecôte.

Dans des conditions

scéniques optima dans

une grange aménagée

en salle de concert,

Elise, Jilber et Looping

ont présenté un

spectacle d'une heure

le samedi ainsi que le

dimanche. Ambiance

assurée, surtout le

dimanche où le soleil

avait redonné envie au

public de sortir après

un samedi gris et glacial.

Le concept de ce festival bi-annuel qui envahit tout un village est original et

attrayant : artistes qui exposent leurs créations en tous genres dans les

granges, compagnies de théâtre dans de petites salles ou en extérieur,

musiciens de rue et groupes musicaux, chanson française et cirque, il y en

avait pour tous les goûts des 5000 visiteurs accueillis durant ce week-end.

… et Jilber en solo à Ludres

L'association « les Baladins » invitait

en avril dernier Eric Mie salle Jean

Monnet à Ludres pour son nouveau

concert solo et en première partie

Jilber interprétait des chansons

extraites de son nouveau spectacle

solo « Jilber Fourny chante Julos

Beaucarne et les poètes ».

La demi-heure de poèmes mis en

musique par Julos ou par Jilber et

interprétées simplement à la voix

et à la guitare a paru courte à la centaine de spectateurs présents, ce qui est de

bonne augure pour la qualité de la prestation donnée. Après ce ballon d'essai qui

fut nettement positif, le spectacle va être monté en entier dès la rentrée

prochaine dans plusieurs salles des environs. Nous vous en tiendrons informés

dans le bulletin de septembre.

SOMMAIRE

Lettre de Bretagne par

Gardougal........................ p. 2

Chanson française ......... p. 3

Portrait : Frank Gama... p. 4

Du krill… ....................... p. 5

A découvrir : Barbara

d'Alcantara ...................... p. 6

Côté scènes .................... p. 7

Coup de coeur : Anaïs .. p. 8

Photo François GUASP

Elise a aussi monté sur scène pour interpréter en…

solo une chanson de Julos (photo Serge JOSEPH)

a N n Y m e

O

Même plus de vent. Rien. Tout est

immobile. Me vient mémoire des vents

anciens, jamais pareils, jazz ou cantiques

selon saison.

Il y avait les vents léonards qui

houspillaient les loquets, éparpillaient la

pluie des chrysanthèmes alentour des

chapelles. C'étaient des alizés querelleurs

toujours en quête d'un manoir où chavirer

les lampes, c'étaient des vents noirs

accourus du nord-ouest et qui râlaient des

Libéria à la pointe des ifs.

Vents fantastiques la gueule pleine de cris

de femme vieille. "Qu'est-ce ?" disait-on.

Nulle réponse, hormis cette plainte de

louve. Gwalarm... Souffles de novembre

qui grimpaient des abers jusqu'à l'Arrée et

s'en allaient agiter les brandes, à Saint-

Sauveur et à Braspart.

Ils venaient d'Irlande avec les âmes des

Gaëls morts. Certains fils de Breiz savaient

reconnaître dans ce vent fol et funèbre les

hymnes de révolte.

"Les vents" - Hommage à Xavier Grall

2

Lettre de Bretagne par Gardougal

Et ils les écoutaient

comme on

écoute, avant la

bataille, une messe

solennelle.... Il y

avait les vents

d'été pleins de

tourterelles. Ils

s'engouffraient

dans la bouche

des batteuses et

l'on vannait leur

rire avec la paille

des épis.

C'étaient des vents paillards. Ils gonflaient

les jupes, flirtaient dans les dentelles,

tapaient au zinc des buvettes.

Ces gais lurons avaient des haleines de

cidre d'avoir musardé dans les vergers

parmi les taons. Vent de notre Orient,

vent de Cornouaille, danseurs de nos

vallées et nos rias.

A lire : « Les vents m'ont dit » de Xavier Grall,

Editions Calligrammes, 1982.

A l'anniversaire de Julos Beaucarne

Les foraimeuses et foraimeux (les

internautes d'une île nouvelle qui se

rencontrent sur le forum de Julos

http://www.julos.be ) ainsi que de nombreux

amis se sont réunis dans le plus grand secret

le 4 juin dernier pour réserver une surprise à

Julos Beaucarne et lui souhaiter son

anniversaire en lui organisant une fête à la

ferme de Wahenge en Belgique. L'occasion

pour tous ces membres du FLO (Front de

Libération de l'Oreille) de se rencontrer en

« vraie vue » et de partager bière catholique

et amitié jusqu'à l'allumage au fond de la

nuit des lampes photovoltaïques coiffant les

pagodes « post-industrielles » de ce

nouveau Stonehenge imaginé par Julos. Jilber, Patrick de Schuyter, Elise et Julos Beaucarne en plein « air

à ma grand-mère »… (Photo Véronique Hennuy)

Xavier Grall

(1930-1981)

3

Je voudrais vous parler de chanson. Oui, de

la chanson française ! Chanson… un si petit

mot ! Vous pensez qu'il arrivera en deux

petites syllabes à exprimer tout ce que j'ai

envie de vous dire ?

En plus j'ai tant à dire, je ne voudrais pas

vous saouler avec mes mots, il y en a déjà

énormément de chansons. Sans chercher

loin : la variété, bien sûr ! Je n'allais tout de

même pas l'oublier celle-là ! La lyrique vous

connaissez aussi, la musette elle est marrante

avec son accordéon, son p'tit coup de blanc et

en voiture Simone, tous en piste, et que je te

guinche, celle-ci et pourquoi pas celle-là.

Non ! Je n'oublie pas la chanson

à texte, vous savez celle toujours

un peu triste, celle que le poète a

extirpé de son corps, mot après

mot, un à un il a construit son

texte, pour vous parler de cette

injustice dont il est témoin ou de

cet amour rompu par de « trop

s'être vus on ne se voyait plus »,

ou bien de ce berger lâchement

assassiné par des chasseurs

avides de sang de toutes

origines, tout ça pour deux

grives, trois sangliers, un

perdreau et en passant pourquoi

pas un corbeau ?

Pauvre poète, seul dans sa tête, c'est triste un

poète, souvent ça pleure, même si c'est pas

l'heure, ça me fait penser à l'histoire d'un de

ceux-là, un poète de la place du Tertre, en

voici quelques lignes :attentives grâce

Hé poète, où vas-tu ?

Encore une battue

Encore sous le vent

Tu voyages tout le temps

Pourtant tes vieilles guêtres

Connaissent que la place du Tertre

Tu as tant fait de guerres

Soixante-huit d'autres naguère

Tu as toujours donné

Sans rien te demander

Tu as toujours aidé

Sans ne rien regretter

Maint'nant tu déambules

Comme le seul funambule

Chanson française…

Ton jeans est délavé

Ta barbe ébouriffée

Avec ton vieux tricot bleu

A la couleur de tes yeux

Tu as beau devenir vieux

Tu es beau comme un dieu

De ta rue t'as tout vécu

Hé poète te souviens-tu ?

Pousser la femme à voter

Rêver d'une femme libérée

Soixante-huit ton ultime guerre

Il y avait tant à faire

Aux injustices t'étais là

Ton prochain s'en souviendra

Hé poète ton oeil pétille

Tu restes en première ligne

Hé poète mon ami

Hé poète je t'envie

C'est mon premier

[ balbutiement

Et je m'emmerde

[ éperdument

Hé poète au secours

Hé poète j'veux de l'amour

Hé poète arrête de marcher

Moi je veux m'arrêter

Hé poète moi je t'aime

Je t'aime poète je t'aime

Hé poète tu continues à

[ marcher

Moi je n'dois pas m'arrêter

Hé poète j'veux partir avec toi

Hé poète laisse moi venir avec toi

Poète j'veux voyager avec toi

Attends moi poète, attends moi

Hé poète attends moi, poète attends moi

Attends moi… attends moi…

Poète… poète… Poète…

© Frank Gama

C'est l'histoire de mon ami le poète, ce pauvre

Parisien englué dans ses brumes mais

toujours bon pied bon oeil, le bougre !

Et vous, une histoire toute simple ou un texte

de chanson, vous en avez ? Ce serait avec

grand plaisir si un jour sur ce bulletin vous

pouviez déposer un texte, une chanson,

qu'importe le contenant, pourvu qu'il y ait le

contenu !

Frank Gama

4

Frank Gama

Il ne veut surtout pas qu'on le traite de

« poète » ! Avec le franc parler qui le

caractérise, il vous répond qu'il n'y

connaît rien, à la poésie. Lui, il écrit pour

se délivrer de mots qui soudain lui

bourdonnent dans la tête. Comme on

prend une aspirine contre un mal de

tête. Sauf que son mal de tête à lui, ça

fait des textes de chansons.

Ce besoin impérieux d'écrire le prend à

l'improviste. Quand il est heureux. C'est

pour cette raison qu'il ne veut pas être

poète. Parce que les poètes sont

souvent tristes et tourmentés. Alors que

lui, il ne parvient pas à écrire quand il est

triste.

Parfois il est couché et a oublié de poser

cahier et crayon sur sa table de nuit. Il se

relève et sort dans la nuit jusqu'à la

fromagerie pour jeter sur le papier une

chanson qui lui tourne entre les oreilles. Et

comme la musique accompagne le

texte, il enregistre quand il le peut sur un

petit magnétophone, en battant la

mesure sur son… étagère.

Vous vous demandez peut-être

comment une fromagerie peut être

ouverte la nuit ? Ah ! je ne vous ai pas

encore dit que Frank Gama élève des

chèvres et fait des fromages

incomparables et de multiples fois

primés. La bergerie et la fromagerie sont

en haut d'une colline déserte, comme

dans un livre de Giono. Le chemin

défoncé qui y mène décourage celui

qui n'est pas attendu chaleureusement

par cet artiste atypique qui a bourlingué

aux quatre coins de la France avant de

s'isoler au dessus de Rians dans le

département du Var.

Portrait

Mais cet isolement n'est pas solitude, car

descendu de cette colline aux effluves

de thym et de romarin, Frank Gama est

l'ami de tous les hommes de bonne

volonté. Sa voix de stentor aux accents

marseillais sème la bonne humeur

partout. Mais à la moindre injustice, elle

devient impérieuse et gare à qui ose lui

tenir tête !

Le manque de temps, voilà ce qui le

désole le plus. Car entre la traite des

chèvres, les soins, la fabrication des

fromages, les marchés et les livraisons, il

lui reste trop peu de temps pour

continuer son roman, écrire de nouveaux

livres et pièces de théâtre, peaufiner ses

chansons, trouver des interprètes…

Membre de la SACEM*, il aimerait bien

vivre de sa plume, organiser des

spectacles, pourquoi pas se faire

producteur artistique, pour être toujours

au plus près de ce milieu de la chanson

qu'il affectionne. Nous y perdrions

d'excellents fromages de chèvre mais y

gagnerions en un homme passionné

s'investissant dans un art qui ne

demande qu'à trouver de tels appuis,

faute d'investissement de la part des

instances officielles dites « culturelles ».

Jilber

(*) Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique

 



21/12/2006
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